Contenants et contenus


Les contenants

· La sépulture la plus simple est l’inhumation en pleine terre, très pratiquée en milieu rural. On pose le mort sans cercueil et l'on ajoute parfois un aménagement céphalique (pour la tête) par l'apposition d'une pierre. Le corps est souvent mis dans un linceul (pièce de tissu). L’inhumation peut être simple ou collective : une mère morte avec son enfant d’une même maladie par exemple. Les archéologues trouvent parfois des cas d’inhumation en pleine terre particulièrement originaux : des corps sans tête ou enterrés verticalement. Une hypothèse veut qu'il s'agisse d'une punition que l’on aurait infligée au mort pour les fautes de son vivant.

· L'inhumation par cercueil est fréquente. Les cercueils de forme trapézoïdale sont la sépulture du plus grand nombre, ils sont souvent fabriqués en série ce qui explique que l’on trouve des corps plus grand ou plus petit que le cercueil. Là encore il y a des exemples qui sortent de l’ordinaire et l’on trouve des cercueils qui ne sont que des troncs d’arbres creusés. Notons qu’une formidable découverte a été faite en Seine et Marne, à Rampillon, puisque l’on découvrit des cercueils de bois dont il restait encore des restes mais ce cas de figure est bien rare et dépend d'un certain nombre de critères : qualité du bois, natures de l'environnement (terre, humidité).

· Comme pour l’Antiquité, le sarcophage était réservé aux plus riches. Ils sont commandés et construits par des écoles dont la production varie, en voici quelques exemples.

L'école du Rhône travaille avec du marbre de Grèce ou d’Asie Mineure mais cette production disparaît au VIIe siècle suite à la prise de contrôle de la Méditerranée par les Arabes qui engendre une baise considérable du trafic du marbre vers l’Europe.

Il y a également l’école d’Aquitaine qui utilise le calcaire et le marbre des Pyrénées. Elle perdurera jusqu’au IXe siècle. Ces deux écoles décorent leurs sarcophages de motifs naturels inspirés des sarcophages romains comme des végétaux ou des animaux où s'ajoutent des chrismes (monogramme du Christ formé par les lettres grecques khi et rhô soit X et P).

Une autre école, celle du Poitou, fabrique des sarcophages rectangulaires avec un toit quasi-plat souvent orné de croix à traverses. Enfin celle de Bourgogne les fabrique avec un toit cylindrique.

L'attention portée à l'aspect de la dernière demeure du défunt est importante que ce soit pour exposer sa richesse ou par simple respect pour le mort.

L’avantage des sarcophages pour les archéologues est important car étant clos, la terre ne pénètre pas, au contraire des cercueils où le bois pourri avec les années. La décomposition du corps est plus lente car les bactéries contenues dans l’air sont moins nombreuses. Il arrive même parfois qu’à la découverte de certains sarcophages, on retrouve encore des parties du corps dont la conservation est étonnante.

· D'autres corps sont placés dans un contenant intermédiaire entre le sarcophage et l'inhumation en pleine terre : le caisson. C'est un entourage de dalles de pierre posées dans une excavation.



Les contenus 

La position du décubitus dorsale (sur le dos et les mains jointes sur le ventre) est toujours celle en vigueur dans la Chrétienté mais il arrive que le mort soit différemment placé suite à des interventions. Si le cadavre est en position de rigidité cadavérique au moment où il est placé dans le contenant, les bras peuvent alors être parallèles au corps car on n'a pas pu les mettre sur le ventre. Enfin le transport a pu être une cause de mouvement du corps qui a modifié sa position originelle. Mais globalement les morts restent dans une position similaire. Il arrive même de trouver les corps cloués au cercueil car certaines croyances locales admettent l’existence des revenants.

Le mort est toujours accompagné d’objets personnels, ses vêtements (on retrouve parfois des morceaux de tissu), mais le plus souvent ce sont des pièces métalliques et des céramiques. Les illustrations ci-contre montrent une partie de ce qui peut être trouvé dans des sépultures mérovingiennes ou carolingiennes (Ve-Xe siècles) : plaques de ceinturon qui se composent de la plaque, la contre plaque et la plaque dorsale. La qualité de ces ceinturons est un élément qui permet de déterminer le niveau social de la personne. Cet élément de parure n’est pas le seul à nous donner des informations non seulement sur la personne même mais également sur les habitudes de l’époque. Les hommes sont enterrés avec leurs armes, c’est une tradition. Epée longue, haches, armes d’hast (long manche avec un pieu métallique), la plus commune étant le scramasaxe. Cette arme se présente comme une épée courte (60 cm) tranchant d’un seul côté, c’est l’arme du chef de village qui trouve à travers elle l’autorité qui lui est rattachée (photo de gauche). La vaisselle en terre cuite ou en métal, souvent remplie de nourriture, sont d’autres exemples d’objets qui accompagnent le mort.

Les femmes ne sont pas enterrées avec des armes puisqu’elles n’en portent pas mais on trouve des fibules, petit élément décoratif dont l’utilité est de rattacher les vêtements entre eux, l'ancêtre des boutons. Il y a plusieurs sortes de fibules, style germanique, oriental, la décoration la plus répandue étant la zoomorphie et plus précisément aliforme (en forme d’oiseau). La plupart ont deux parties ansées. Conçues en bronze ou en fer, les fibules peuvent faire preuve de damasquinage (métaux précieux incrustés dans la fibule) pour les plus riches d'entre elles, certaines sont de véritables œuvres d'art. L’agrafe joue le même rôle que la fibule mais elle est moins riche de décorations et moins répandue.