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Agrippa d'Aubigné : L'homme

Tout d’abord, considérons l’homme. Agrippa d’Aubigné, né en 1552, meurt le 9 mai 1630, à l’âge de 78 ans. Sa vie a été traversée de bout en bout par les horreurs de la guerre, auxquelles il a été confronté par ses différentes fonctions ; écuyer du roi Henri IV, gouverneur d’Oléron, il participe à de nombreuses batailles, en Anjou et en Poitou, au sein des armées protestantes.

Elevé par son père en huguenot, il est formé par des maîtres renommés pour leur humanisme, auprès de qui il s’intéresse à la théologie, aux mathématiques mais aussi à la magie ! Solide orateur, il a donc été préparé dés l’enfance à défendre la cause protestante. Cette anecdote montre l’importance de la " cause " dans sa vie : après le massacre d’Amboise, en 1560, son père l ‘emmena prêter serment de vengeance devant les têtes décapitées des protestants. Il lui rappellera cette promesse sur son lit de mort, peu d’années après. Et dés ses 16 ans, en effet, Agrippa participera à la troisième guerre de religion .

Après avoir échappé aux massacres de la Saint-Barthélemy, le jeune homme tombe amoureux de Diane Salviati, la nièce de la Cassandre de Ronsard (celle à qui le " Prince des Poètes " a dédicacé Les Amours) et se découvre un talent littéraire ; il lui dédicace un recueil poétique, Le Printemps, œuvre empreinte de Pétrarque et de Ronsard, selon le goût de l’époque. Il s’attache comme écuyer à la cour d’Henri de Navarre et mène une vie d’aventures auprès de celui-ci. Il reste en tant qu’ami aux côtés du futur Henri IV, malgré leurs rapports parfois difficiles ; La conversion d’Henri choque Agrippa comme beaucoup de protestants. Toujours resté du côté des " fermes ", il publie Les Tragiques en 1616, indigné qu ‘il est par la paix de Loudun, Marie de Médicis, la régente, y signa un traité avec les nobles rebelles, parmi lesquels se trouvait Condé. Entre 1616 et 1620, il publie L’Histoire universelle depuis 1550 jusqu’en 1601, miroir cette fois impartial des guerres de religion. Il lui vaut tout de même l’exil à Genève où il pourra exercer sa verve satyrique dans Les Aventures du baron de Faeneste dont le burlesque se veut héritier de " Maître François ", notre célèbre Rabelais.

Une vie d’aventures donc pour " l’une des figures les plus expressives " (Sainte-Beuve) du XVIe siècle mais aussi une solide culture et en premier lieu une foi protestante qui guide sans faillir ce " héros de l’épopée huguenote "(Rocheblave). La " cause " forme le terreau des Tragiques, cette œuvre d’une vie.