Montesqieu, Les Lettres Persanes

Les Lettres Persanes sont un recueil de lettres écrites par des Persans visitant l’Europe de 1712 à 1720. Ils échangent leurs impressions, leurs étonnements et critiques sur la société du XVIIIe siècle, notamment en France où voyagent Usbek et Rica, et à Venise, où se trouve Rhédi. A cette correspondance s’ajoute celle entre Usbek et son sérail, c’est-à-dire ses eunuques et ses femmes.

Les sujets abordés sont très variés, de même que les points de vue, et vont de la morale à la politique en passant par l’économie, la religion, ou la littérature. Ils sont le prétexte à une satire de la société, aussi Montesquieu se pose t-il seulement comme celui qui aurait par hasard trouvé ces lettres et les aurait traduites : il se dégage ainsi de toute responsabilité et évite ainsi la censure. De plus, cela permet d’introduire un effet de réel, qui fait assimiler ces lettres à un témoignage authentique. Il faut dire que la naïveté de ton des Persans qui s’étonnent devant des habitudes qui leur paraissent insensées tandis qu’elles sont, pour l’Européen, plus que communes. Ils ont donc pour rôle de pointer les absurdités et les défauts d’un système qui, par habitude, n’est pas remis en cause.

Cette œuvre est ouverte dans le sens où la raison n’est jamais incarnée par un seul personnage, mais réside un peu en chacun. Par exemple, Usbek critique la tyrannie alors qu’il est lui-même un tyran domestique. Aussi la réflexion excède t-elle parfois le cadre de l’Europe : c'est ainsi que les lettres abordent le problème de la situation féminine, en Orient et en Occident. De cette réflexion sociologique découle une conclusion morale : les sens sont un obstacle au règne de la raison. Petit à petit naît un portrait des Français, peu avantageux, qui les peint prétentieux, superficiels, agités, instables… et qui n’épargne pas l’Eglise ni le pouvoir royal.

Montesquieu expose donc ses idéaux, qui consistent d’une part en une critique des institutions contre-nature comme le harem ( une des favorites du Persan se suicidera), l’Eglise, la colonisation… D’autre part, il prône une société fondée sur la justice et la raison, qui s’épanouissent lorsque les rois s’occupent de leur nation comme de leur famille, en la gouvernant avec douceur et participant aux progrès économiques et moraux.






Epoque : 1721
Courant : Précurseur des Lumières
Nature :roman épistolaire
Auteur : Baron de Montesqieu (1689-1755)