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Henri Matisse, la Danse


Après s'être inspiré de Van Gogh ou de Gauguin, Matisse développe l'expressivité de sa peinture en insistant sur la luminosité des couleurs vives et l'amincissement des corps pour mieux faire ressortir le mouvement général. Cette toile, intitulée la Danse, est l'exemple du développement de ces tendances.

Il semble que l'inspiration de Matisse lui soit parvenue en observant des pêcheurs et des paysans sur une plage en train de danser le "sardana", danse catalane à plusieurs participants formant un cercle, d'où la disposition des personnages dans notre œuvre.

L'objectif du peintre n'était donc pas d'identifier les personnages qu'il peignait, ils restent imaginaires, mais d'exprimer le dynamisme de l'ensemble et la progression du mouvement collectif à travers le travail des lignes et des couleurs. C'est ainsi que les différentes lignes qui forment les silhouettes simplifiées des danseurs dessinent un mouvement rythmé des corps : aux lignes fermes du personnage ayant la tête baissé, d'attitude recroquevillé, succède la grâce et l'élancement du danseur de gauche formé d'une ligne extérieure courbe et ample. Cette ligne ferme d'ailleurs celle formée par l'ensemble des danseurs.

Le personnage central au premier plan est représenté de manière différente des autres : peint avec des lignes diagonales, allongées, elles donnent l'impression de casser l'horizontalité des autres danseurs. De plus, ce personnage est le seul à ne pas joindre le groupe d'où l'effleurement de la main de son partenaire de gauche mais il n'est pas pour autant exclus de l'ensemble. C'est ainsi que les différentes expressions ou positions de chacun forment l'unité d'un même groupe uni dans une sorte d'enivrement collectif né de la musique.

La retranscription de l'énergie dégagée par les danseurs est également mise en valeur par l'impression d'absorption des personnages dans leurs univers, les visages sont cachés, les têtes baisées, de profil ou vue de dos. Seuls l'un des danseurs nous offre un visage dont les yeux fermées laissent deviner l'intériorité du rythme de la danse.

Quant aux couleurs, l'autre moyens d'expressivité de Matisse dans cette toile, elles servent à définir le rapport à l'espace, suggéré par les coloris primaires et symboliques, vert pour la colline, bleu pour le ciel dont la séparation dessine une ligne sur laquelle les danseurs prennent appui. Le choix du rouge vif des danseurs, outre le fait de faire davantage ressortir le groupe du fond, devient l'expression visible d'une chaleur intérieure née de l'exercice.

La toile a été initialement peinte pour un collectionneur Russe, Stchoukine, dans l'objectif de décorer l'escalier de son manoir. Elle y restera jusqu'à ce que le tourbillon révolutionnaire de 1917 ne l'en décroche.






Epoque : 1909
Lieu : Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.
Nature : Huile sur toile
Auteur : Henri Matisse (1869-1954)
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