Bourdelle, Hérakès archer

Antoine Bourdelle n'a pas jouit d'une renommée extraordinaire la majeure partie de sa vie, bien qu'il ait été un collaborateur de Rodin pendant près de quinze ans. C'est avec la création de cet Héraklès Archer qu'il exposa au salon de 1910 qu'il connut un véritable succès auprès des critiques comme du public.

Le choix d'un thème antique a toujours été, dans l'histoire de l'art, un choix judicieux, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'un héros mythologique si réputé qu'Héraklès. Ce dernier devait exécuter douze travaux, Bourdelle représente ici le cinquième : tuer les oiseaux du lac Stymphale. L'inspiration antique tient également à la composition de l'œuvre. C'est ainsi que Bourdelle a voulu reconstituer l'expression de l'effort et de la force pure, comme les artistes grecs avaient l'usage de le faire dans l'Antiquité. Le travail des muscles est rigoureux, ce qui ne manque pas de rappeler l'influence de Rodin dans l'œuvre de Bourdelle. De plus, la concentration parfaite et surtout la représentation des yeux vides et en amande, tout comme la coiffe de la statue évoquent un rapport direct à l'art grec archaïque (VIe siècle avant JC).

La bouche entre ouverte, la crispation des muscles montrent qu'Héraklès est au paroxysme de l'effort, tendant la corde invisible au maximum: Bourdelle représente le moment ultime avant le lancer. Le choix de ce moment implique une occupation de l'espace que l'artiste exploite au mieux entre les pleins et les vides : la hauteur est presque égale à sa longueur.

Enfin, la position de la statue défie les lois de la pesanteur, comme si Héraklès bénéficiait d'un équilibre divin dont la répartition des membres provoque une impression de mouvement : les membres gauches de la statue, tendus, ouverts et les membres droits, repliés, forment l'expression d'une énergie et d'une force propres au héros.

Il existe plusieurs version de cette même œuvre tant dans la taille que dans le matériau utilisé : bronze ou plâtre patiné donnant l'impression de la pierre. Bien que cette œuvre provoqua quelques contestations de part sa nudité, l'admiration resta dans les mémoires.






Epoque : 1909
Lieu : Paris, Musée Bourdelle
Montauban, Musée Ingres
Nature :art moderne
Auteur : Antoine Bourdelle (1861-1929)
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